Destination : 170 , Journal d'un capitaine


Chaussures à son pied





Un jour…

Nous sommes tous les deux tous beaux tous neufs dans notre boite, on nous expose en vitrine. Beaucoup de femmes s’arrêtent pour nous admirer. Mon frère jumeau et moi, nous attendons avec impatiente la femme qui nous choisira.



Samedi

C’est la foule. Le samedi beaucoup d’acheteurs rentrent au magasin. Moi et mon inséparable jumeau, nous faisons la paire. Fréquemment montrés du doigt, des femmes nous essaie, celle-là a le pied gonflé je ne rentre pas en ses menus petons. Mais je ne désespère pas.



Samedi 17h.

Mon frère gauche et moi, nous sommes toujours au magasin, plusieurs femmes nous ont essayés, mais ça n’allait jamais… Grand, petit, trop large préfère une autre paire… Bref, nous pensons que l’on va rester dans notre boite…



Samedi 17h30

Le magasin ferme dans une demi-heure, plus de cliente, la patronne nous regarde d’un air dédaigneux dit à sa vendeuse de nous ranger dans la réserve, on nous ressortira pour les soldes. La honte ! C’est alors qu’une cliente rentre dans le magasin, nous regarde, nous soupèse…. « Sont mignons ces mocassins » nous sommes plus que mignons on est beau ! Elle nous essaie, se regarde dans la classe, fait une moue « oui pas mal ! » cette idiote de vendeuse demande si la dame veut essayer autre chose ? « non non répondit-elle je suis déjà en retard ceux-là iront bien ! » Ouf on passe à la caisse.

Dans notre boite on a voyagé jusqu'à notre nouvelle propriétaire. Elle nous a rangés dans un meuble parmi d’autres paires de chaussures qui se sont moquées de nous. Nous étions trop beaux, la paire de bottes avec la semelle bâillant nous poussait disant qu’on prenait trop de place.

Les jours suivants :

Nous avons beaucoup marché, elle ne mettait que nous, les autres chaussures s’ennuyant dans leur meuble, ils nous en voulaient… Des jaloux, vous dis-je !

Nous étions heureux mon frère et moi, d’avoir trouvés des pieds qui nous allaient si bien.

Les autres jours :

Nous avons fait beaucoup de visite, elle nous montrait à toutes ses copines, expliquant le magasin et tout « même pas en soldes » et tout le monde nous admiraient. Nous avons rencontré aussi des chaussures d’hommes de belles chaussures vernies noires, très attirantes, avec de minces lacets qui nous chatouillaient la semelle. On se retrouvait tous les quatre sous un lit qui remuait beaucoup. Puis une main venait nous rechercher, parfois s’était l’homme lui-même qui nous tendait à notre propriétaire qui nous renfilait très vite et courrait dans des escaliers et dehors courrait encore vers l’autobus. Heureusement que nous sommes de bonnes chaussures de qualités avec des semelles solides. Avec ses vieilles bottes, elle ne pourrait pas courir aussi vite !



Après :

Puis on sortit moins, je n’en connais pas la cause. Un jour elle nous reprit, nous étions heureux de sortir, mais il pleuvait, elle me fit marcher dans une flaque d’eau qui me trempa. Mon jumeau qui resta sec rigola « ce n’est pas drôle et n’oublie pas que nous sommes solidaire, si l’un de nous deux flanches tu y passeras aussi… »



Encore après :

Je regarde avec inquiétude mon frère jumeau, qui donne des signes de faiblesse, sa semelle est usée, il apparaît un trou, un horrible trou… Et moi, depuis la flaque d’eau, je baille sur les cotées et ne tiens plus aussi bien à ses pieds. « Ne me lâche pas vieux frère, faut tenir bon! »



Plus tard :

Horreur, des chaussures neuves arrivent dans le placard, des tallons aiguilles snobes, qui ne nous adresse pas la parole « On peu courir avec ça ? » demandais-je pour les vexer »



Encore plus tard :

Nous sommes jetés comme des malpropres, parait-il que nos semelles sont trop usées. Il n’y a donc plus de cordonnier ?



Et maintenant :

Une SDF nous sauve… Nous restons dans la rue on peut encore servir, on marche à notre pas, mais nous sommes devenues de trop vieilles chaussures pour courir. Ainsi va la vie !

J Franois M